Laura Harrier est la révélation du “BlacKkKlansman” de Spike Lee. Rencontre avec la nouvelle it-girl Louis Vuitton, devenue en quelques films l’une des stars les plus prometteuses de Hollywood. Et notre cover-girl du numéro de novembre 2018. 

Photographie Daniyel Lowden 
Stylisme Jennifer Eym&egrave;re&nbsp;

Elle est l&agrave;, par cette belle journ&eacute;e parisienne, dans le jardin zen d&rsquo;un studio photo sans pr&eacute;tention, &agrave; d&eacute;jeuner avec l&rsquo;&eacute;quipe de L&rsquo;Officiel comme si elle en faisait partie. Si polie et discr&egrave;te, incandescente pourtant avec son regard enj&ocirc;leur, pr&ecirc;te &agrave; reprendre la pose m&ecirc;me si elle confesse ne pas trop aimer cela. &Agrave; 28 ans, Laura Harrier a tourn&eacute; sans regret la page du mannequinat pour se consacrer &agrave; sa passion, la com&eacute;die. Fin du photo-shoot dont elle s&rsquo;est acquitt&eacute;e avec une simplicit&eacute; craquante: la revoici, longue (1,76 m) et d&eacute;li&eacute;e dans une charmante petite robe rouge fleurie. Une limousine attend &agrave; la porte. Pour la douce et troublante Laura, l&rsquo;aventure ne fait que commencer.

Il y a un an, le grand public vous d&eacute;couvrait au cin&eacute;ma dans Spider-Man: Homecoming. Depuis, on vous a vue &agrave; Cannes avec Spike Lee, &agrave; Saint-Paul-de-Vence avec Nicolas Ghesqui&egrave;re et Louis Vuitton, en Italie pour repr&eacute;senter Bulgari&hellip; Comment vivez-vous ce tourbillon?

Laura Harrier : Je suis humble, j&rsquo;observe, je m&rsquo;amuse, je travaille, j&rsquo;essaie de donner le meilleur, je me pince beaucoup&hellip; En fait, j&rsquo;hallucine! (Rires.)

Racontez-nous votre parcours.

J&rsquo;ai grandi &agrave; Chicago, une ville ch&egrave;re &agrave; mon c&oelig;ur, j&rsquo;ai eu une enfance typiquement &ldquo;am&eacute;ricaine moyenne&rdquo; tr&egrave;s heureuse. Mes parents sont tous deux formidables et cr&eacute;atifs, mais loin du milieu du show-business. Mon p&egrave;re travaille dans les assurances, ma m&egrave;re est sp&eacute;cialiste dans les troubles de la diction et l&rsquo;&eacute;locution. Elle avait toutefois une amie charg&eacute;e de chercher de lieux de tournage, qui avait organis&eacute; une s&eacute;ance photo &agrave; la maison alors que j&rsquo;&eacute;tais encore au lyc&eacute;e. Je suis rentr&eacute;e de l&rsquo;&eacute;cole un soir et le photographe en me voyant me dit: &ldquo;Tu devrais appeler cette personne &agrave; cette agence de mannequin.&rdquo; Je l&rsquo;ai fait et quand, &agrave; 18 ans, je suis arriv&eacute;e &agrave; New York pour &eacute;tudier &agrave; NYU, je me suis mise &agrave; faire du mannequinat. Mais cela ne me passionnait pas, aussi je me suis inscrite au c&eacute;l&egrave;bre William Esper Studio qui enseigne l&rsquo;art dramatique selon la m&eacute;thode de Sanford Meisner. Il a tr&egrave;s vite &eacute;t&eacute; clair pour moi que suivre des cours de com&eacute;die m&rsquo;int&eacute;ressait d&rsquo;avantage.

Quand avez-vous commenc&eacute; &agrave; r&ecirc;ver de faire du cin&eacute;ma ?

J&rsquo;ai toujours admir&eacute; des com&eacute;diennes comme Viola Davis ou Meryl Streep, mais je mentirais en disant qu&rsquo;&ecirc;tre actrice est une vocation. Plus jeune, j&rsquo;aimais le cin&eacute;ma bien s&ucirc;r, et les films de Spike Lee, Do the Right Thing pour ne prendre que le plus embl&eacute;matique, mais aussi Inside Man, La 25e heure, School Daze, m&rsquo;ont marqu&eacute;e, parce qu&rsquo;ils me montraient qu&rsquo;on peut faire du cin&eacute;ma diff&eacute;remment. Mais je n&rsquo;aurais jamais eu la pr&eacute;tention de penser que je pouvais gagner ma vie en tant qu&rsquo;actrice. Ce n&rsquo;est que lorsque j&rsquo;ai d&eacute;m&eacute;nag&eacute; et que j&rsquo;ai commenc&eacute; &agrave; fr&eacute;quenter des acteurs et actrices, des r&eacute;alisateurs et r&eacute;alisatrices, que c&rsquo;est devenu une r&eacute;elle possibilit&eacute;.

Vous avez tenu beaucoup de petits r&ocirc;les avant d&rsquo;&ecirc;tre choisie pour Spider-Man.

Oui, j&rsquo;ai fait mal pas de petits boulots &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision, dont un r&ocirc;le r&eacute;current dans le soap opera &ldquo;One Life to Live&rdquo; et, surtout, j&rsquo;ai commenc&eacute; ma carri&egrave;re par l&rsquo;&eacute;pisode pilote d&rsquo;un projet de s&eacute;rie t&eacute;l&eacute; du grand Steve McQueen, qui est un g&eacute;nie et le r&eacute;alisateur le plus cool que je connaisse. Il m&rsquo;a appris &agrave; me sentir &agrave; l&rsquo;aise sur un plateau, &agrave; oser donner mon opinion, mais aussi &agrave; m&rsquo;armer pour un m&eacute;tier &eacute;motionnellement difficile. J&rsquo;ai tenu des petits r&ocirc;les dans des films comme The Last Five Years, de Richard LaGravenese en 2014&hellip; Spider-Man a &eacute;t&eacute; une chance &eacute;norme, mais le miracle s&rsquo;est vraiment accompli avec Spike Lee!

Comment avez-vous &eacute;t&eacute; contact&eacute;e pour BlacKkKlansman?

Je venais de terminer le tournage de Fahrenheit 451, avec Michael B. Jordan, et prenais des vacances sur une &icirc;le grecque avec mes amis, quand le t&eacute;l&eacute;phone sonne et j&rsquo;entends la voix reconnaissable entre mille de Spike Lee. Oh mon Dieu: Spike Lee, The Man en personne, je n&rsquo;en revenais pas! Il voulait que je vienne imm&eacute;diatement &agrave; New York pour le voir. J&rsquo;ai balbuti&eacute; quelque chose comme: &ldquo;Mais je suis en Gr&egrave;ce avec mes copines&hellip;&rdquo;, et je l&rsquo;ai entendu me dire: &ldquo;Les vacances sont finies pour toi, tu viens auditionner demain!&rdquo; J&rsquo;ai fonc&eacute; &agrave; New York et j&rsquo;ai pass&eacute; l&rsquo;audition en lisant directement des sc&egrave;nes avec lui: une heure avec plein d&rsquo;improvisations, c&rsquo;&eacute;tait tr&egrave;s intense et tellement intimidant&hellip; Jusqu&rsquo;&agrave; ce qu&rsquo;il se l&egrave;ve et dise: &ldquo;OK, merci, au revoir!&rdquo; (Rires.) Le lendemain, il m&rsquo;a appel&eacute;e pour m&rsquo;offrir le r&ocirc;le.

D&eacute;crivez-nous un tournage avec Spike Lee.

Tr&egrave;s ouvert, aucun ego. Spike Lee met beaucoup de musique sur ses tournages, et il a toujours le meilleur DJ! (Rires.) Spike est aussi excellent &agrave; rep&eacute;rer ce qui fonctionne avec les acteurs, et il savait que John David Washington (le fils de Denzel Washington, ndlr) et moi aurions une r&eacute;elle alchimie. Travailler avec Spike Lee, qui a toujours &eacute;t&eacute; la voix des Afro-Am&eacute;ricains, a &eacute;t&eacute; un tel honneur. D&rsquo;autant que mon personnage dans BlacKkKlansman est inspir&eacute; d&rsquo;un m&eacute;lange de femmes chocs du mouvement Black Power: Angela Davis, Elaine Brown et Kathleen Cleaver, &agrave; qui j&rsquo;ai pu poser toutes les questions que je voulais, ce qui &eacute;tait fou! Ces femmes sont une telle inspiration, surtout dans l&rsquo;&eacute;poque effrayante que nous traversons. Je continue &agrave; sentir en moi leur influence, leur sagesse et leur force. Et j&rsquo;aime aussi la mode de leur &eacute;poque, les ann&eacute;es 1970! D&rsquo;ailleurs, d&egrave;s que je portais la coiffure afro, les lunettes, le cuir, je devenais Patrice Dumas, mon personnage.

Comment percevez-vous l&rsquo;Am&eacute;rique actuelle ?

Beaucoup de droits sont viol&eacute;s et il faudra longtemps pour les r&eacute;parer. Mais cela m&rsquo;encourage de savoir que tant de gens se r&eacute;unissent et discutent pour combattre la terrible patriarchie qui s&eacute;vit en ce moment. La jeunesse va ramener l&rsquo;espoir.

Avec quels autres cin&eacute;astes voudriez-vous travailler ?

J&rsquo;adorerais tourner avec Ava DuVernay, Barry Jenkins, Paul Thomas Anderson, Sofia Coppola, avec qui j&rsquo;ai fait une campagne Calvin Klein. Voir une telle r&eacute;alisatrice femme &ecirc;tre en charge de tout un plateau avec tant de calme est admirable.

Que repr&eacute;sentait Louis Vuitton pour vous en grandissant ?

D&eacute;j&agrave;, j&rsquo;adore la France, si je le pouvais, je ne m&rsquo;habillerais qu&rsquo;en tenue de Parisienne mod&egrave;le fa&ccedil;on ann&eacute;es 1960 (rires). Mon premier achat de mode, quand j&rsquo;avais 13 ans, a &eacute;t&eacute; un sac &ldquo;Vuitton&rdquo; en provenance de Chinatown! (Rires.) Louis Vuitton est une marque &agrave; la fois tellement iconique et historique, et Nicolas Ghesqui&egrave;re la rend si moderne et branch&eacute;e. Aujourd&rsquo;hui, j&rsquo;ai de nombreux sacs Vuitton, de vrais sacs Vuitton! Je me pince!

Vous avez une relation proche avec Nicolas Ghesqui&egrave;re ?

Oui, c&rsquo;est tr&egrave;s amical et nous travaillons en collaboration &eacute;troite sur les robes, comme celle que j&rsquo;ai port&eacute;e au Festival de Cannes, couleur p&ecirc;che, si belle. Nicolas est incroyable. Son d&eacute;fil&eacute; &agrave; la Fondation Maeght en mai pour sa collection croisi&egrave;re &eacute;tait une tuerie! J&rsquo;appr&eacute;cie tellement pouvoir porter ses v&ecirc;tements. Et j&rsquo;adore ses derni&egrave;res cr&eacute;ations, comme les baskets Louis Vuitton sur lesquelles j&rsquo;ai flash&eacute;.

&Agrave; quoi pense-t-on, quand on est l&acirc;ch&eacute;e seule sur le tapis rouge ?

&ldquo;Ne tr&eacute;buche pas.&rdquo; (Rires.) C&rsquo;est tellement irr&eacute;el tous ces photographes, ce mur d&rsquo;hommes, car ce sont principalement des hommes, qui vous mitraillent. Mais c&rsquo;est comme tout, plus vous en faites, plus vous vous habituez. Ce qui est important, dans un tel moment, est de se sentir moi-m&ecirc;me et non costum&eacute;e. Cannes, ceci dit, c&rsquo;est particulier. Sur le tapis rouge cannois, vous &ecirc;tes juste terrifi&eacute;e. C&rsquo;est l&agrave; o&ugrave; un verre de champagne devient n&eacute;cessaire! (Rires.)

O&ugrave; vivez-vous aujourd&rsquo;hui ?

Je vis &agrave; Los Angeles pour le travail. Je m&rsquo;adapte, je vais au yoga comme une vraie California girl, mais j&rsquo;ai une relation d&rsquo;amour-haine avec la ville, je me sens beaucoup plus connect&eacute;e avec New York o&ugrave; j&rsquo;ai mes rep&egrave;res, mes adresses. Comme la boutique vintage 9th St. Haberdashery dans le East Village ou, rayon restaurant, The Good Fork, &agrave; Brooklyn.

Quels sont vos projets ?

Je lis actuellement de nombreux sc&eacute;narios, mais j&rsquo;ai d&eacute;cid&eacute; consciemment de prendre mon temps. Je vais continuer &agrave; faire les choses en douceur. Sachant que pour quelqu&rsquo;un de la trempe de Spike Lee, je suis pr&ecirc;te &agrave; faire n&rsquo;importe quoi.

Pull en coton et soie mélangés, short en soie rebrodée de perles et sequins, boucles d’oreilles en métal, cuissardes “LV Archlight” en cuir d’agneau, LOUIS VUITTON.

Blouse en soie, short en lin, sautoir en métal, ceinture en cuir imprimé, boots “LV Archlight” en cuir de veau, LOUIS VUITTON.

Robe en laine et soie mélangées, boucles d’oreilles en métal, sac “Twist” en cuir, LOUIS VUITTON.

Top en laine et soie rebrodées, jupe en laine et coton mélangés, boucles d’oreilles en métal, ceinture en cuir imprimé, LOUIS VUITTON.

Gilet et robe à volants en laine et coton mélangés, boucles d’oreilles en métal, LOUIS VUITTON.

Laura Harrier on Matching with Nicolas, Spike Lee and Her First LV Purchase - L'OFFICIEL

Vid&eacute;o par Baptiste Jehan 
Musique par FlexFab

Laura Harrier : "Le miracle s’est vraiment accompli avec Spike Lee"

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