Les ateliers de haute joaillerie Chanel ont composé avec “Flying Cloud” une collection virtuose et solaire, dédiée aux heures heureuses passées par la célèbre couturière sur le yacht du duc de Westminster. La collection a été présentée cette semaine à La Pausa. Attention, chef-d’œuvre. 


<p style="text-align:justify">La haute joaillerie Chanel a le sens de l&rsquo;Histoire. Chacune des pi&egrave;ces imagin&eacute;es et cisel&eacute;es par les ateliers de la maison fran&ccedil;aise r&eacute;fracte non seulement les rencontres qui fa&ccedil;onn&egrave;rent le destin de Gabrielle Chanel, mais aussi les lieux qui exalt&egrave;rent son imaginaire. Ces lieux sont pour la plupart bien connus d&eacute;sormais. Les historiens, hagiographes et autres chroniqueurs ont clairement identifi&eacute; les d&eacute;cors qui fournirent au talent de la c&eacute;l&egrave;bre modiste-couturi&egrave;re l&rsquo;essence de ses cr&eacute;ations &agrave; venir : on pense notamment, dans le Limousin, &agrave; l&rsquo;abbaye d&rsquo;Aubazine, qui fut le froid sanctuaire dans lequel la jeune Gabrielle v&eacute;cut de 12 &agrave; 18 ans, apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; confi&eacute;e par son p&egrave;re aux bons soins des religieuses de la congr&eacute;gation du Saint C&oelig;ur de Marie. Qui doute un seul instant que cette aust&egrave;re b&acirc;tisse romane, avec ses vitraux en grisaille et son armoire liturgique ne fut le socle mental sur lequel la cr&eacute;atrice d&eacute;veloppa les bases de sa grammaire stylistique ? Oui, l&rsquo;&eacute;pure de Coco Chanel &eacute;tait fondamentalement une &eacute;manation des attributs particuliers &agrave; l&rsquo;ordre cistercien. On pense, dans le m&ecirc;me ordre d&rsquo;id&eacute;es, aux lieux de vill&eacute;giatures : Venise, Deauville, la c&ocirc;te basque, dont la nature douce et enveloppante nit de constituer le caract&egrave;re de Chanel pour lui donner une tonalit&eacute; singuli&egrave;re, tout en contraste, &agrave; mi-chemin entre la rigueur granitique du dioc&egrave;se corr&eacute;zien et la simplicit&eacute; libre des &eacute;tendues marines. Moins d&eacute;cortiqu&eacute; que les lieux pr&eacute;c&eacute;dents par les hagiographes de Coco, le Flying Cloud fut quant &agrave; lui le f&eacute;cond et joyeux cadre de vie au sein duquel s&rsquo;&eacute;gren&egrave;rent les heures les plus heureuses de la cr&eacute;atrice. Le Flying Cloud &eacute;tait un quatre-m&acirc;ts &agrave; la coque noire et au pont de bois blanc. Ce yacht appartenait &agrave; Hugh Grosvenor, second duc de Westminster, personnalit&eacute; &eacute;minente de l&rsquo;aristocratie anglaise, dont la famille remontait, dit-on, &agrave; Guillaume le Conqu&eacute;rant &ndash; son h&eacute;ritier direct est aujourd&rsquo;hui le plus beau parti du royaume. Coco et le duc s&rsquo;&eacute;taient rencontr&eacute;s &agrave; une soir&eacute;e organis&eacute;e &agrave; Monte- Carlo et furent amants durant dix ans. &ldquo;Bendor&rdquo; (c&rsquo;&eacute;tait le surnom du duc) &eacute;tait extravagant dans ses d&eacute;monstrations d&rsquo;affection. On raconte qu&rsquo;il o rit &agrave; Gabrielle une caisse de l&eacute;gumes au c&oelig;ur de laquelle &eacute;tincelait une &eacute;norme &eacute;meraude dissimul&eacute;e entre carottes et navets. Ce qui est certain, c&rsquo;est que le g&eacute;n&eacute;reux duc offrit &agrave; sa t&eacute;n&eacute;breuse amante un parc immense situ&eacute; &agrave; Roquebrune-Cap-Martin. Sur ce parc s&rsquo;&eacute;leva plus tard la c&eacute;l&egrave;bre villa La Pausa. En somme, ce yacht incarnait dans un espace restreint, o&ugrave; tout se r&eacute;duisait &agrave; l&rsquo;essentiel, la quintessence des moments solaires de Gabrielle Chanel. On comprend ce qui a attir&eacute; ici les ateliers de haute joaillerie de la maison : les formes parfaites aux fonctions &eacute;prouv&eacute;es, le graphisme volubile du vestiaire marin, les &eacute;clats de soleil sur les cuivres polis. Avec la nouvelle collection d&eacute;di&eacute;e au Flying Cloud, ils ont interpr&eacute;t&eacute; cette iconographie baln&eacute;aire avec une all&eacute;gresse d&rsquo;autant plus plaisante qu&rsquo;elle rec&egrave;le des tr&eacute;sors de savoir-faire dissimul&eacute;s avec tact. Une maestria confondante attest&eacute;e par la rotondit&eacute; espi&egrave;gle de bou&eacute;es en or blanc, lapis-lazulis et perles de culture, par la symbolique enjou&eacute;e d&rsquo;ancres d&rsquo;amarrage en or blanc constell&eacute; de perles et de saphirs; ici et l&agrave;, des bandes altern&eacute;es de saphirs au bleu intense, de boutons gourmands d&rsquo;or jaune ou blanc, de cordages nou&eacute;s d&rsquo;or serti de diamants rappellent le vestiaire d&rsquo;&eacute;t&eacute;, la vareuse des marins, le galon des uni- formes. C&rsquo;est chic, joyeux, moderne : un travail d&rsquo;orf&egrave;vrerie d&rsquo;autant plus virtuose qu&rsquo;il laisse de c&ocirc;t&eacute; les effets de manches ostentatoires et statutaires pour se concentrer sur la l&eacute;g&egrave;ret&eacute;, la pl&eacute;nitude et la lumi&egrave;re.</p>


Haubans et diamants

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